Le constat que nous faisons et qui nous mobilise aujourd’hui est que depuis 25 ans la situation du français n’est plus la priorité qu’il a été au moment de l’adoption de la Loi sur la langue française et des mesures cohérentes qui en ont découlé. Les exigences économiques ont dicté la conduite des gouvernements les plus récents, qui ont pratiquement cessé de soutenir financièrement le français comme langue de l’espace commun. Cela a conduit au retrait du financement public des organisations qui ont pour mission de promouvoir, de défendre et de faire respecter la Charte de la langue française.
L’aménagement linguistique devrait faire en sorte que lorsque deux allophones se rencontrent dans l’espace public – dans la rue, au restaurant, au travail –, ils s’adressent la parole en français. Comme on se parle spontanément en anglais à Toronto ou à New York.
Actuellement, le français comme langue d’usage public au Québec est utilisé par :
Malgré la Charte de la langue française et la Loi sur les langues officielles, le nombre de personnes qui utilisent le français comme langue maternelle et langue d’usage, tant au Québec qu’au Canada, est en net recul. Toutes les études confirment cette tendance.
Depuis plusieurs années, le Québec est heureux d’accueillir 50 000 immigrants par année. La force d’attraction de l’anglais étant importante du fait de la situation géographique du Québec et du grand nombre de locuteurs anglophones nous entourant, seulement un peu plus de la moitié des immigrants s’établissant chez nous optent pour l’apprentissage du français4.
Au Québec, seulement 55 % des allophones font un transfert linguistique vers le français. Au Canada anglais, environ 99 % des allophones le font vers l’anglais.
Le français, malgré le grand nombre de francophones au Québec, perd en poids.
Ce constat nous oblige à nous poser la question suivante :
Termote, Payeur et Thibault ont additionné divers intrants, comme les données sur la fertilité par groupe linguistique, la migration interne et internationale, la mobilité linguistique et la structure de la population par âge. Ils en sont arrivés aux prévisions moyennes suivantes, illustrant l’inéluctable déclin du pourcentage de locuteurs ayant le français en partage :
Schéma : Évolution estimée du pourcentage de locuteurs ayant le français en partage au Québec et sur l’île de Montréal de 2011 à 2056.
Dans les faits, il faudrait que 90 % des allophones
adoptent le français pour maintenir notre poids relatif.
Pourtant seulement 55 % le font.