Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’un préjugé coriace au sujet de la pureté du français. Avez-vous déjà entendu des remarques comme :
- Oh! Quelle belle langue, du vrai français pur!
ou bien
- Cette personne parle avec pureté la langue de Molière.
Affirmons d’emblée qu’une langue pure, c’est un mythe, une vision de l’esprit; certains soutiendraient même que ce concept exprime la recherche de l’absolu. Aucun linguiste ne s’est risqué à définir ce qu’est une « langue pure » et qui plus est, aucun élément observable ne justifie l’étiquette d’une « langue pure ».
À titre d’exemple : Molière ne reconnaitrait plus sa langue s’il nous entendait ou s’il lisait le français contemporain.
Pour démontrer le propos, je vous propose quelques observations.
Histoire (passé)
Les mots ont une histoire et certains proviennent de langues diverses. C’est la relation du français avec le passé. Prenons le mot « sucre ». Il nous vient du sanscrit « sakara » et ce sont les Grecs qui ont rapporté la canne à sucre de l’Inde. Nous pourrions en faire une longue liste d’exemples, mais je vous laisse le soin de les découvrir.
Retenons ceci. Certains mots puisent leurs origines du latin, du grec, du celte, de l’étrusque, et bien d’autres langues. Nous faisons appel à d’anciennes langues pour nommer nos réalités. Et c’est ainsi que le passé linguistique devient une source d’inspiration.
Nouveaux mots (présent)
Une langue stable, neutre et immuable n’existe pas. Le français comme toutes les langues se transforme, se modifie; c’est notre relation avec le présent. Au cours du temps, nous inventons des mots pour nommer de nouvelles réalités. Et c’est le cas de : dépanneur, courriel, motoneige, ordinateur, rouli-roulant, logiciel, et bien d’autres.
Des mots à inventer (l’avenir)
Selon les scientifiques, il y aurait de l’eau sur la Lune et sur Mars. Comment appellerons-nous cette eau pour la distinguer de l’eau terrienne? Nous inventerons des mots et des concepts qui contribueront à enrichir le vocabulaire, la syntaxe de notre langue. C’est notre relation avec l’avenir.
Un fait demeure : le français allie le passé (l’origine des mots), au présent (des mots nouveaux ou néologismes) à l’avenir (des mots pour décrire de nouvelles réalités).
Voilà donc une langue vivante.
Pour conclure, je vous suggère de ne plus chercher la pureté de la langue, mais d’en observer l’évolution.